Vous avez sans doute déjà vécu cette sensation paradoxale en montagne: plus la trace devient technique, plus vous avez besoin d’une montre GPS qui s’efface. En testant les dernières Coros face aux mastodontes Garmin, c’est exactement ce qui frappe. Les montres de trail Coros (Apex, Apex 2 Pro, Vertix 2) privilégient la sobriété fonctionnelle, une navigation claire et une autonomie GPS redoutable. Pas de surenchère de menus, pas de widgets à l’infini: l’essentiel est là, accessible en trois pressions sur une couronne qui remplace avantageusement le dédale de touches. Et quand la pente se cabre, que la VAM grimpe et que la météo change, vous obtenez l’altimètre barométrique, le profil d’altitude, la boussole et le retour au point de départ en un souffle. Cette volonté de faire “simple” n’est pas un manque, c’est une philosophie: vous laisser courir, randonner, basculer en fast hiking ou en ultra trail sans micro‑gérer votre montre.
Pourquoi Coros choisit la simplicité: du bouton à l’écran
Le premier contact se fait avec la couronne digitale: elle évite les erreurs, défile les écrans même ganté, et le tactile verrouillable (sur Apex 2/Vertix 2) ne s’active que là où il est utile, notamment sur la carte topo. L’interface va à l’essentiel: pages de données épurées (distance, allure instantanée, allure moyenne, allure au km, cadence, GAP, puissance en course native), un écran transflectif lisible en plein soleil, et des profils sport sans surmenage de paramètres. Les modes GNSS sont clairs (GPS seul, mode Multi‑GNSS avec GPS, GLONASS, Galileo, BeiDou, QZSS, et GNSS multibande dual‑band L1/L5 sur Vertix 2), la gestion d’énergie est “humaine” (mode économie d’énergie, mode UltraTrac/UltraMax, estimation d’autonomie en temps réel) et les mises à jour OTA ne vous demandent rien de plus qu’un appairage Bluetooth et du Wi‑Fi ponctuel.
- Menus courts, logique simple: moins d’écrans, plus de visibilité pendant l’effort
- Couronne + tactile verrouillable: pas de gestes involontaires sous la pluie ou avec des bâtons
- Autonomie GPS massive et lisible: battery manager et estimation d’autonomie en un coup d’œil
- Navigation breadcrumb efficace: suivi d’itinéraire via trace GPX, import GPX, Backtrack/TracBack
- Cartographie offline simple: zoom cartographique, profil d’altitude, points d’intérêt basiques
- GNSS multibande (dual‑band) L1/L5 sur les modèles haut de gamme: meilleure tenue en forêt et gorges
- EvoLab clair: VO2max, charge d’entraînement, training load et récupération recommandée sans jargon inutile
- Compatibilité ouverte: ANT+ et Bluetooth avec ceinture cardio, capteur cardio externe, Stryd, footpod, capteur de cadence
- Moins de “smartwatching”: pas de Garmin Pay/Apple Pay, musique intégrée limitée, notifications smartphone sobres
Sur le terrain, cette direction se ressent immédiatement. Le satellite preload accélère l’accroche, la correction SBAS et un track smoothing discret stabilisent l’allure instantanée, la vitesse verticale et l’enregistrement fichier FIT. Le capteur cardio optique tient la cadence, épaulé au besoin par une ceinture cardio via ANT+ pour affiner HRV, FC repos, zones cardio et seuil lactique. En montée, vous basculez sur l’écran profil d’altitude pour anticiper le dénivelé positif restant; la pente instantanée vous aide à réguler l’effort; en descente, l’altimètre barométrique et le gyroscope calibrent la vitesse verticale. Pas de ClimbPro “à la Garmin”, mais l’essentiel de l’information utile au trail running est là, lisible. Et si le brouillard tombe, le retour au point de départ se déclenche en deux pressions; en ultra, le passage en mode expédition prolonge l’autonomie GPS pendant la nuit.
À noter :
La simplicité Coros ne sacrifie pas l’écosystème: synchronisation vers Coros App, Strava, Suunto App et TrainingPeaks, export GPX/FIT, appairage stable en Bluetooth, prise en charge ANT+ des capteurs (ceinture cardio, capteur de foulée, Stryd). Les mises à jour OTA améliorent régulièrement la navigation, la cartographie offline et les métriques de récupération. Si vous venez de Garmin Connect, le transfert de vos segments et de vos heatmaps reste fluide via les plateformes tierces.
Simplicité assumée contre sur‑équipement: ce que Coros retire (et pourquoi ça marche)
Là où Garmin multiplie cartes topo très denses, navigation turn‑by‑turn, POI détaillés, musique Spotify offline, paiements sans contact et une galaxie de widgets (body battery, stress, respiration par minute, score de récupération), Coros coupe le superflu pour la course nature. Oui, il existe une cartographie offline sur Apex 2/Vertix 2, mais elle est épurée: vecteurs lisibles, zoom cartographique rapide, pas de recherche d’adresses ni d’itinéraires routés complexes. Oui, il est possible de stocker des MP3 (Vertix 2) et d’appairer un casque Bluetooth, mais pas de Spotify offline. Et non, pas de Garmin Pay/Apple Pay: un choix assumé pour économiser l’énergie et l’espace logiciel. Résultat: une montre de trail qui tient plus longtemps, affiche l’essentiel sans micro‑latence, et reste cohérente qu’on grimpe un kilomètre vertical en skyrunning ou qu’on déroule en randonnée.
Matériel de terrain: boîtier, verre et étanchéité sans extravagance
Le matériel suit la même logique. Un boîtier titane léger, une lunette saphir, un bracelet silicone confortable (bracelets à démontage rapide type QuickFit selon largeur), une étanchéité 5ATM ou 10ATM selon modèles pour la pluie battante et les rivières froides. Le capteur optique de dernière génération, épaulé par un accéléromètre et un gyroscope, tient les variations d’allure et d’oscillation verticale; le podomètre reste discret mais fiable au quotidien. La station ou le clip de charge s’enclenche sans rater; la charge rapide remet d’aplomb avant la sortie du soir; la powerbank peut prolonger un ultra sans arrêter l’activité. Et côté protection, une simple protection d’écran suffit tant l’écran transflectif reste lisible et robuste.
Technique GNSS et métriques: tout ce qu’il faut, sans la dispersion
Sous le capot, Coros reste pointu. Le mode Multi‑GNSS associe GPS, Galileo, GLONASS, BeiDou, QZSS; les modèles dual‑band exploitent GPS L1/L5 pour réduire les erreurs en canyon urbain comme en vallée encaissée. Le track smoothing est mesuré (pas d’allure “molle”), la gestion de fréquence d’enregistrement s’adapte aux modes (performance, UltraTrac/UltraMax, mode expédition). Le baromètre corrige l’altitude via des étalonnages simples, la boussole garde le cap sur la trace GPX importée, et la navigation s’appuie sur des alertes de sortie de trace plutôt que du turn‑by‑turn exhaustif. Côté physiologie, EvoLab propose VO2max, training effect, training load, récupération recommandée et des tendances HRV quotidiennes; le SpO2 via oxymètre et la température corporelle deviennent utiles pour surveiller l’acclimatation. Le sommeil profond et paradoxal sont détectés sans que vous ayez à gérer dix écrans; la performance condition et la stamina apparaissent de manière contextuelle, pas envahissante. Pour les puristes, la running power au poignet est native, mais ceux qui visent le seuil lactique au watt pourront envoyer la montre sur Stryd pour des zones de puissance précises. Enfin, les formats restent ouverts: fichier FIT propre, export GPX, synchronisation Wi‑Fi/BT rapide.
- Vous voulez une montre de trail qui “disparaît” et une autonomie GPS hors norme
- Vous préférez une navigation GPX fiable à une carto ultra‑riche et énergivore
- Vous utilisez déjà Strava/TrainingPeaks et des capteurs ANT+/Bluetooth (ceinture cardio, footpod)
- Vous acceptez moins de fonctions “smartwatch” (paiement, Spotify offline) au profit de la simplicité
Au final, ce que Coros fait volontairement de plus simple que Garmin, c’est de rester aligné avec la pratique. Une montre de trail doit prioriser la fiabilité GNSS, l’altimètre barométrique, le suivi d’itinéraire, l’autonomie et la lisibilité. Coros coche ces cases avec une interface sobre, des mises à jour OTA pertinentes et des choix matériels cohérents. Si vous aimez l’opulence des fonctions et la cartographie avancée avec navigation turn‑by‑turn, Garmin reste imbattable. Si vous cherchez une partenaire de montagne qui s’oublie au poignet mais vous soutient quand ça compte, la voie minimaliste de Coros a tout d’un choix d’expert.
