Pourquoi votre montre GPS vous ajoute 300 m de D+ ? La réponse qui pique
Tu rentres du long. Les cuisses brûlent. Le topo annonçait 1200 m de D+. Ta montre crache 1500 m. Trois cents mètres en plus. Ce n’est pas que tu exagères. C’est la techno qui s’emballe. Le dénivelé, c’est le nerf du trail. Une valeur qu’on regarde avant, pendant, après. Si elle déraille, tout le reste sonne faux. La bonne nouvelle: on peut comprendre le pourquoi. Et surtout, on peut limiter la casse. J’ai mis quatre montres sur le même terrain. J’ai joué avec les réglages. Je t’explique ce qui gonfle le D+, et comment récupérer une trace propre.
Capteur baro vs GPS: qui dit vrai pour le D+ ?
Deux familles existent. L’altimètre barométrique et l’altitude GPS. Le baro mesure la pression de l’air. Il en déduit l’altitude. C’est précis quand le capteur respire bien. C’est faux quand la météo bouge, quand l’orifice se bouche, ou quand la calibration est foireuse. Le GPS, lui, calcule une altitude géométrique. Elle est bruitée. Ça saute. Ça glisse. La précision verticale du GNSS reste moins bonne que l’horizontale. Même en multi-bande, l’altitude pure GPS reste instable. Les bonnes montres fusionnent. Elles utilisent le baro comme base. Elles recadrent à partir d’un point connu, d’un profil DEM, ou d’une calibration au départ. Garmin recale au départ si le GPS accroche. Suunto mixe la pression et le GNSS avec FusedAlti. Coros corrige avec des modèles d’altitude. Quand tout va bien, le baro gagne. Quand la pression change vite, ça dérape. Le dérapage se traduit en paliers fantômes. La montre additionne des bosses qui n’existent pas. D’où les +300 m.
Ce qui fausse en premier
La météo bouge. Un front passe. Un passage d’orage. Un coup de foehn. Deux hPa en moins, c’est environ 16 à 18 m de décalage. La montre compense en croyant que tu descends. Puis que tu remontes. Elle accumule du D+ parasite. Deux heures de course et le compteur s’envole. L’orifice baro se bouche. Boue, sueur, sel, manches serrées. Le capteur respire mal. La pression interne se stabilise. La montre pense que tu montes ou descends à contretemps. Ensuite, le lissage logiciel fait le reste. Les micro-variations deviennent des marches d’escalier artificielles.
Le vrai coupable: les seuils et lissage du D+
Le D+, ce n’est pas juste altitude fin moins altitude début. Une montre additionne chaque mètre positif. Mais elle ne prend pas tout. Elle filtre. Chaque marque pose un seuil. En dessous, elle ignore. Au-dessus, elle ajoute. Ce seuil varie. Trois mètres chez l’un. Cinq à sept chez l’autre. Avec un lissage plus ou moins agressif. Résultat, le même single en montagnes russes produit des comptages très différents. Imagine une crête avec des vaguelettes. Un baro qui oscille à cause du vent. Un GPS vertical qui saute de quatre mètres. Si le seuil est bas, la montre prend tout. Trois pas en haut, deux en bas, elle cumule. Sur vingt kilomètres, ça fait mal. Les 300 m viennent d’ici. De petits faux positifs répétés. Des dents de scie qu’on ne voit pas sur le terrain. La trace, elle, les adore.
Enregistrement intelligent vs chaque seconde
Un enregistrement « intelligent » compresse la trace. Il garde moins de points. Il retient les changements. Paradoxalement, il peut amplifier les marches. Un segment lisse devient un zigzag. À l’inverse, un enregistrement chaque seconde capte la vraie pente. Le lissage s’améliore. Le seuil respire mieux. Sur mes tests, passer en 1s a réduit le surplus de D+ de 10 à 20 % sur un parcours casse-pattes.
Corrections par cartes: quand Strava et Garmin sauvent la mise
Strava propose une correction d’altitude. Il remplace l’altitude de ta trace par un modèle de terrain (DEM). Garmin le fait si ta montre n’a pas de baro ou si tu actives la correction. Sur un parcours dégagé, c’est souvent plus propre. Dans les gorges, sous forêt dense, près des falaises, le DEM peut être à côté. Un sentier balcon au-dessus d’un vide perturbe le profil. Tu récupères un D+ plus bas, parfois trop bas. Il faut tester sur ton terrain.
Tests terrain: quatre montres, même boucle, écarts réels
Parcours de référence. 22 km, 1250 m de D+ IGN. Pente longue. Quelques ressauts. Une crête ventée. Sous-bois humide en descente. Conditions changeantes: un front en fin de matinée. Quatre montres au poignet, alternées pour éviter l’ombre et le frottement des manches. Enregistrement chaque seconde pour deux d’entre elles. Intelligent pour les deux autres. Calibration manuelle au parking à 1320 m, vérifiée sur la borne IGN. Les baro en 1s collent mieux. L’écart reste sous les 80 m. Le front météo ajoute du bruit sur la crête, mais le recalage en milieu de run recolle la trajectoire. Les profils lissés gardent une courbe propre. Les versions en enregistrement intelligent gonflent. Surtout dans la section de petites cassures sous les hêtres. On retrouve ces 200 à 300 m en trop. Ce n’est pas la montre qui « ment ». C’est l’algorithme qui additionne des oscillations qu’il juge crédibles. Je refais la boucle le lendemain. Temps stable. Même réglages. Les quatre montres rentrent dans une fourchette de 60 m. La preuve est nette. Le D+ dérape quand météo, seuils bas et ports baro encrassés s’alignent. Tu changes un paramètre et tu calmes la dérive.
Réglages qui changent tout
Calibre au départ sur une altitude connue. Active l’enregistrement chaque seconde. Évite de couvrir le port baro avec une manche serrée ou une sangle de sac. Rince le boîtier après les sorties boueuses. Si ta plateforme le permet, applique une correction DEM sur les traces douteuses et compare. Garde le même protocole sur plusieurs sorties. Regarde l’écart médian, pas une seule séance.
Matériel vs réglages: quand remplacer, quand optimiser
Si ton D+ déraille tout le temps, même par temps stable, regarde l’état du port baro. S’il est bouché ou endommagé, le capteur délire. Si ton modèle ne propose que l’altitude GPS, n’espère pas des miracles en terrain remuant. Un passage vers un modèle baro fiable change la donne. Mais dans la plupart des cas, la solution tient en deux gestes. Calibration et 1s. C’est simple. Et ça marche Les 300 m de D+ en plus ne sortent pas de nulle part. Ils viennent d’une addition de petits biais. Un capteur baro perturbé. Un seuil de cumul trop permissif. Un enregistrement qui densifie les marches. Une météo qui pousse la pression. Tu peux reprendre le contrôle. Vérifie ton altitude au départ. Passe en 1s. Libère le port baro. Utilise les corrections à bon escient. Sur un terrain propre, une montre baro bien réglée restera dans une marge fine. Tes jambes te diront merci. Tes chiffres aussi.
