Garmin Instinct 3 Solar vs Suunto 9 Peak Pro : qui tient vraiment à -20°C ?
Le froid trie les montres. À -10°C, tout fonctionne encore. À -20°C avec vent et givre, la vérité tombe. Nous avons opposé la Garmin Instinct 3 Solar et la Suunto 9 Peak Pro sur terrain blanc, sorties longues, gants épais, frontale et gel collé aux sangles. Objectif simple. Démarrer sous zéro, naviguer sur crêtes, enregistrer propre, garder de la batterie et rester lisible. Sans chichis. Deux philosophies s’affrontent. Plastique renforcé et écran monochrome solaire chez Garmin. Boîtier acier ou titane, saphir et écran couleur chez Suunto.
Garmin Instinct 3 Solar: robuste, lisible en plein blizzard, très endurante quand il gèle.
Suunto 9 Peak Pro: finition premium, précision propre, boîtier compact qui encaisse le froid.
Coros Apex 2 Pro: alternative légère, autonomie solide par temps froid, interface rapide.
Résistance au froid: normes vs réalité
Les deux montres affichent des promesses sérieuses. Tests thermiques type MIL-STD-810 chez Garmin. Résistance au froid annoncée par Suunto. Dans les faits, les deux démarrent et tournent autour de -20°C si elles ont dormi au chaud ou contre le poignet. Le vrai enjeu n’est pas de s’allumer. C’est la constance quand la batterie s’écrase, que la transpiration gèle et que les boutons se durcissent. Garmin joue la carte du polymère renforcé et de l’écran transflectif monochrome. Très économe. Moins de chaleur à produire. Moins de drain. La montre garde sa nervosité dans les menus avec des gants. Cinq boutons larges, crans nets, pas de tactile qui se fige. La lunette encaisse les chocs de glaçons. Le verre solaire n’aide pas en hiver. Soleil bas, journées courtes. L’apport est marginal en décembre. Mais la dalle reste ultra lisible quand la neige claque. Suunto avance un boîtier compact, acier ou titane, verre saphir. Ça inspire confiance quand on racle la glace. L’écran reste lisible sous la neige grâce à la dalle transflective couleur. Le tactile est présent mais on peut le couper. Trois boutons suffisent avec des moufles fines. Les clics deviennent plus durs en gel prolongé. Rien d’anormal. Le métal refroidit plus vite. Il garde le froid. On le sent au poignet à découvert.
Terrain froid et humide
Sortie crête, -15°C ressenti plus bas avec rafales. Les deux montres partent promptement. Fix satellite sans traîner si elles ont un point récent. Après deux heures, la Garmin reste très réactive dans les pages. La Suunto tient le rythme. Les écrans restent lisibles sans rétroéclairage en plein blanc. En forêt sombre, le rétroéclairage fait grimper la conso sur les deux. Le tactile de la Suunto devient capricieux avec givre sur l’écran. On repasse sur boutons et ça roule.
Batterie et GPS sous zéro
Le froid plombe la chimie. Perte de capacité immédiate dès que la montre est exposée à l’air glacial. Plus le boîtier est refroidi, plus la tension chute. En mode enregistrement GPS standard, on constate en moyenne une dérive de consommation de l’ordre de 20 à 30% à -10°C par rapport à 10°C. À -20°C, l’écart s’accentue. C’est visible sur les deux modèles. La Garmin Instinct 3 Solar encaisse mieux les longues sorties froides. L’écran monochrome et l’OS dépouillé consomment peu. Le rétroéclairage est discret. En enchaînant 4 heures neige battante avec navigation simple, la jauge descend moins vite. Les pauses sous veste aident. La montre se réchauffe sur peau et récupère un peu de tension. La fonction solaire n’apporte pas de miracle en hiver. Elle stabilise seulement en plein soleil sur neige, angle bas, c’est tout. La Suunto 9 Peak Pro reste honnête. L’écran couleur tire un peu plus, surtout avec rétroéclairage fort. En jouant les profils d’enregistrement, on tient très correctement. Sur froid sec, la décharge est linéaire. Sur froid humide, la montre refroidit plus vite. Le boîtier métallique siphonne la chaleur. À rythme soutenu, la consommation GPS reste stable. En économie, l’algorithme de Suunto comble bien les trous de signal. Les traces restent propres sur alpages et pistes forestières gelées. Dans les combes encaissées, le froid n’aide pas le signal. C’est la topographie, pas la montre.
Les alertes de cap, les changements de page et les zooms restent utilisables. Les vibrations sont un peu plus sourdes. Les capteurs au poignet sont moins fiables. La détection sanguine se dilue, la peau refroidit, l’optique décroche. Le baro respire parfois la neige soufflée. La courbe d’altitude reste saine tant que les évents ne sont pas bouchés par la glace. Enfoncer la montre sous la manche aide. Sur les deux, la ceinture cardio fait la différence. La donnée devient fiable à nouveau. Le froid n’a plus de prise.
Ergonomie et lisibilité avec gants
À froid, on veut du direct. Sur l’Instinct 3 Solar, cinq boutons francs, pas de surprise. Les gants crochent bien. Le texte noir sur fond clair reste lisible même sous grains. Les champs sont gros, contraste haut. La montre est plus épaisse visuellement mais se cale bien sous la manche. Les bips percent le vent. Les écrans de navigation sont simples et efficaces. Les tracés restent visibles en lumière plate. Sur la Suunto 9 Peak Pro, la compacité est un vrai plus. La montre glisse mieux sous manche serrée. L’écran couleur donne un peu plus de nuance sur la carte et les graphes d’altitude. Le tactile peut gêner en givre. On le coupe et on pilote aux boutons. Les vibrations sont nettes, les menus restent rapides. La finition saphir rassure dans les pierriers gelés. Aucun micro-accroc sur le verre après plusieurs sorties abrasives. Côté confort thermique, la Garmin est plus neutre. Le polymère n’aspire pas la chaleur du poignet. La Suunto en acier ou titane est plus froide à l’enfilage. Rien de dramatique. Sur ultra blanche, heure après heure, ce petit détail compte pour certains.
Instinct 3 Solar. Lisibilité exemplaire en plein blanc. Autonomie qui reste fiable quand ça pique. Boutons efficaces avec gants, pas de tactile qui freeze.
Suunto 9 Peak Pro. Finition premium et verre saphir qui ne craint pas la glace. Boîtier compact, navigation claire, précision de trace cohérente dans le froid.
Faut-il choisir selon la météo ?
Si vos hivers sont réguliers, sorties à -5°C, poudreuse, vent modéré, les deux montres tiendront. Si vous enchaînez les créneaux très froids, -15°C et plus bas, avec longues navigations, l’Instinct 3 Solar a l’avantage en endurance et lisibilité brute. Si vous cherchez un boîtier plus discret, un verre saphir et une interface très propre, la Suunto 9 Peak Pro reste un choix sûr, même dans le dur, à condition de couper le tactile quand ça givre.
Verdict froid
Sur la résistance au froid pur, avantage pratique pour la Garmin Instinct 3 Solar. La combinaison écran économe, interface sans fioriture et boîtier qui ne glace pas le poignet fait la différence quand le mercure plonge. La Suunto 9 Peak Pro ne craque pas. Elle tient le choc, trace propre, boîtier solide, usage agréable. Elle demande juste un réflexe de plus. Couper le tactile, protéger un peu plus du vent et surveiller le rétroéclairage. Deux montres prêtes pour l’hiver. La première pour accumuler des heures en montagne gelée sans stress batterie. La seconde pour qui veut un format plus chic et une face avant indestructible, avec des compromis maîtrisés par grand froid. Pour un coureur de trail qui vise des sorties engagées sous zéro, le choix se fera sur l’autonomie et la lisibilité. Pour un traileur qui veut un compagnon polyvalent, urbain à la semaine et montagne le week-end, la Suunto coche large sans faiblir au froid.
